Pierre-Edouard Cassoulet n'est plus

A la fois athlète et triathlète de talent, "Peïo" a disparu à l'âge de 18 ans
 

Dauphiné Libéré 05/11/2001

La brutale disparition de Pierre-Édouard Cassoulet, à l'âge de 18 ans, a causé un très vif émoi dans le milieu du sport départemental. Car "Peïo" -Pierre en basque sachant qu'il était originaire du sud ouest- était à l'aise sur tous les terrains.
On se souvient de lui gamin, le maillot vert de l'AL Échirolles sur les épaules, gambader allégrement en tête des pelotons lors des championnats de cross-country. Et quand il plongeait dans les bassins, c'était rarement pour y faire de la figuration. Si bien que c'est tout naturellement qu'il bifurqua vers le triathlon. "Ma passion, comme il aimait à le rappeler, car c'est plus fun, on s'y amuse plus!"
Ce qui ne l'empêchait nullement, quand il s'en écartait l'espace d'une journée, de réaliser quelques jolis coups d'éclat, comme cette troisième place au National cadets de cross-country à Carhaix, en mars 2000. A sa plus grand surprise, affirmait-il alors en souriant. Car il aimait multiplier les plaisirs. Il portait alors les couleurs du Grenoble UC. Pour l'athlétisme s'entend, puisqu'il nageait pour l'AL Échirolles et pédalait avec Seyssins. Tout en étant la figure de proue de la section "triathlon" de l'ALE avec laquelle il devait connaître sa première sélection en équipe de France.
Dès lors, son talent allait l'amener à fréquenter un des meilleurs clubs français, Beauvais, avec lequel il continuait d'occuper le devant de la scène avec une redoutable efficacité en devenant notamment champion d'Europe juniors par équipe. Mais "Peïo" restait un membre à part entière de la grande famille échirolloise. Car après une année passée au pôle national de Boulouris, il avait rejoint le lycée Marie Curie et passé son baccalauréat avec succès en juin dernier.
 

Hommage à Pierre Edouard Cassoulet - Triathlète n°177 janvier 2002

A mon amour de frère, Peïo, que je chérirai pour l'éternité...

Vous qui lirez ces lignes aurez en tête l'athlète, mais pour moi c'était avant tout mon frère, mon meilleur ami, mon compagnon de galère et mon confident.
Celui qui partageait mes plus grands bonheurs et mes déceptions est parti. Aujourd'hui, il me reste de Peïo l'image de l'athlète certes, mais avant tout le souvenir d'un homme de 18 ans à peine mais déjà grand par l'esprit, la pertinence de ses propos et l'ouverture d'esprit.
Pelo était un homme de goût, raffiné, gourmet, élégant et cultivé. Passionné d'économie, intrigué par la politique, il ne finissait pas ses repas pour ne pas risquer de rater les informations de 20 heures, écoutait Europe 1... Il y avait aussi la musique, dont les rythmes parvenaient jusque dans ma chambre et que je n'entendrai plus.
J'ai le regret de n'avoir pu être plus souvent là lors de ses triathlons, car le peu de fois où je l'ai accompagné (avec mon père), je l'ai toujours trouvé majestueux, courageux, et magnifique. Tout ça c'était grâce à la générosité de mon père qui s'est toujours défoncé pour apprendre toujours plus, pour être là quand Peïo en avait besoin, pour l'encourager, le soutenir... Bien sûr Peïo le lui rendait au centuple, en s'améliorant toujours pas à pas! Mon frère et mon père étaient un couple soudé, complice et complémentaire. Vous savez c'était un de ces couples comme on en connaît plusieurs dans la sphère du sport de haut niveau. Papa connaissait la course à pied (il a été coureur de 1500 m) et le cyclisme, il avait horreur de la natation, mais à force de persévérance il avait réussi à acquérir les connaissances nécessaires pour analyser les nages de Peïo et définir ainsi ses programmes. Mon père, c'est ça: s'il a décidé de faire quelque chose, il fera tout ce qu'il faut pour le réussir et à fortiori si c'est pour un de ses enfants ! Je ne connaîs personne ayant autant de détermination.
Pelo "bouffait la vie",yeux, oreilles et bouche grands ouverts.
Personne ne peut dire aujourd'hui POURQUOI Peïo est parti, personne n'a le droit de s'inventer des "pseudo-vérités" pour justifier cette cruelle tragédie. Que je n'entende surtout pas des mots comme fatalité, destin,
et surtout, surtout, ne me parlez pas de Dieu ou de religion car mon frère était comme moi, cartésien...
Le temps apaisera au long terme notre peine, notre douleur, les larmes se feront moins fréquentes peut-être mais mes parents et moi, nous nous coucherons et nous réveillerons chaque jour avec à l'esprit notre fils et frère adoré.
Que je n'entende pas non plus le mot dépression tout à fait inapproprié! Trois jours avant son décès il avait acheté le double CD de Brassens, le single de Noir Désir et était venu dormir chez moi, nous avions mangé un bon confit de canard puis étions sortis en bringue.
Pelo avait plusieurs passions dans la vie, la famille, le sud-ouest, les copains, le triathlon, le cinéma, les filles, la musique...
Il rêvait des "jeux", d'une double carrière, à la fois sportive et économique! Il n'aura pas eu le temps, il avait seulement entamé la première des deux. Quand je pense qu'on lui a dit il n'y a pas Si longtemps "Tu as le temps..." concernant certains grands rendez-vous du triathlon auxquels il aurait tant aimé participer! La preuve que non ! Les choses vont si vite, le temps nous file entre les mains et avant qu'on ait le temps de dire OUF! Il est déjà trop tard.
Je peux vous dire que j'en avais pris des claques mais là ça dépasse tout ce que l'on peut imaginer. Alors maintenant il faut aller de l'avant, car même si c'est toujours plus dur pour ceux qui restent, il faut savoir la chance que l'on a d'être encore là. J'aurais donné ma vie pour celle de Peïo si seulement j'avais pu, mais je suis là et il faudra en être digne. J'espère que vous, qui me lisez, réalisez ce qu'est l'essentiel et que vous ne vous égarerez jamais trop du chemin... Prenez soin de vous et des êtres qui vous sont chers, ne laissez pas le temps s'échapper pour laisser place aux regrets (tout triathlète que vous êtes, il court plus vite que vous!).

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Petit PEIO,
Comment accepter que TOI tu ne fasses plus partie de nous. On te connaissait tous plus ou moins bien mais de par ton nom "cassou", disait-on, ou de par ton caractère, tout le monde voyait qui tu étais.
Tu nous as quitté trop tôt, trop brutalement. Je dis "petit" car pour moi tu as toujours été le petit frère, ensemble on était bien. Nous avons d'abord arpenté la France pour aller sur les cross puis petit à petit tu m'as menée vers le triathlon.
Tu m'as aussi ouvert les portes de Boulouris, les jours là-bas ne sont pas toujours faciles, tu en as fait l'expérience toi-même. Mais que ce soit pour l'entraînement ou pour les compétitions, je te promets de toujours donner le meilleur de moi-même.
Tu vas me manquer Peïo comme à beaucoup je pense. Tu étais mon compagnon d'entraînement préféré, mon petit frére et mon confident adoré. Il va falloir que j'essaye de trouver quelqu'un qui puisse tenir tous ces rôles mais je crains que cela ne soit pas possible. On se comprenait trop bien, souvent des paroles n'étaient pas nécessaires, juste un petit regard suffisait à ce qu'on sache ce que l'autre ressentait.
J'espère que là où tu te trouves maintenant, tu te reposes sereinement. Nous, nous continuons à nous entraîner et à être fort pour toi, comme tu l'aurais été, j'en reste persuadée.

Nous t'aimons tous.
Anaëlle

 

Peïo,
Ce qui m'a plu tout de suite chez toi Peïo, c'est ton côté "entier', atypique, un brin caractériel... en bref les composantes qui font d'un athlète qu'il puisse atteindre le très "haut-niveau", tu m'avais charmé par tes qualités physiques, ta motivation.
Les athlètes du pôle de Boulouris auront toujours quelque part une part te revenant dans leur investissement. Le souvenir indélébile que tu nous laisses rejoint celui de Serge Lecrique, enlevé de façon précoce lui aussi.
Pour toujours au fond de mes pensées.
A plus tard, l'artiste.
Tu me manques, Peïo...
Pierre Houseaux (Entraîneur National)

 

Tu as laissé dans nos esprits un vide, rempli de sincérité, d'exception, de "rochers" et de bonne humeur qui resteront éternellement gravés dans la mémoire de ton groupe de Boulouris.
Pôle France de Triatlon de Boulouris

 

En tant qu'entraîneur il aurait fallu être aveugle ou stupide pour ne pas voir le talent dont il était pétri.
Mais ses qualités allaient bien au delà du domaine sportif, son intelligence et sa façon particulière de dire
et de voir les choses en faisait quelqu'un de très attachant. Même si c'est un lieu commun de dire qu'il va nous manquer, ce sera effectivement le cas.
Laurent Chopin (Beauvais Triathlon)