pôle

sigleLe succès
en 3 actes

Le club de triathlon d'Echirolles est l'un des plus
importants de France, reconnu pour son travail
de formation. Anaëlle Péri en est un nouvel exemple.

Samedi matin, 10h30, un petit bout de femme de 19 ans sort de la piscine d'Echirolles après son entraînement matinal, tout sourire : «Salut, je m 'appelle Anaëlle, on s'installe ici ? ». Et c'est là, sur une petite rotonde de béton que s'engage la discussion.
Anaëlle Péri fait partie de ces athlètes doués de qualités physiques et mentales qui leurs permettent de s'imposer dans des disciplines hétéroclites. Ainsi, elle a débuté par le ski alpin dès son plus jeune âge, avec suffisamment de talent et de réussite pour intégrer la section ski-étude de Villard de Lans jusqu'en 1997, année où elle est victime d'une blessure au genou. Lié ou non, elle avoue avoir éprouvé à ce moment là une grande lassitude pour cette première passion : « J'en avais marre, l'envie n'était plus la même et les résultats s'en ressentaient forcément ». Depuis longtemps elle pratiquait l'athlétisme en complément du ski, ainsi que le cross en compagnie de son père; du reste la famille Péri était sportive pratiquante, et c'est dans le sillage de son frère aîné Damien, amateur de duathlon, qu'Anaëlle se lançait dans le triathlon* "C'est un sport dont je rêvais, mais il me semblait que cela m'était impossible à réaliser tellement cette discipline apparaissait dure. D'autant plus que je ne faisais pas de natation». En trois ans, elle a su dompter la discipline au point de devenir une des meilleures juniors du pays. Elle participera aux Championnats de France, fin août à Vassivières, «pour une place sur le podium» confie-t-elle. Voire plus si affinité, pour le plus grand bonheur de tous tant la stapsienne fait l'unanimité, comme l'indique son président Jean-Luc Dimaria: «Je ne lui connais pas de défaut.

Elle est très physique, puissante, dotée de beaucoup de volonté et d'un super état d'esprit. Anaëlle est de plus très ouverte, à l'aise avec tout le monde». Et pas rancunière car sa non sélection** pour les Championnats d'Europe junior est subjective, pourtant elle en parle sans aigreur: «En individuel, il y avait trois places et je me classe quatrième. Mais dans la compétition par équipe, la quatrième fille retenue termine douze minutes derrière moi. C'est un choix par souci de cohésion parce que je suis sortie trente secondes derrière les premières après la natation». Elle est juste consciente qu'il lui faut encore s'améliorer.
Néanmoins, sa progression est fulgurante et s'appuie sur une détermination sans faille, simplement parce qu'Anaëlle aime l'effort, comme elle nous l'explique: «J'ai besoin de me dépenser, d'en baver. Quand je termine l'entraînement, je sais pourquoi je suis fatiguée. Pour revenir au ski, c'est un élément qui me manquait aussi, j'avais l'impression que je pouvais en faire beaucoup plus». Comment pourrait-il en être autrement alors qu'elle s'entraîne dorénavant à douze reprises par semaine, cinq fois en natation, trois en course à pied et quatre en cyclisme. Quantité et différences, «ce ne sont pas les mêmes muscles qui travaillent dans ces trois disciplines, il est plus fatiguant de courir que de nager par exemple où le coeur monte moins en terme de pulsations et où le travail est plus technique, plus en sensation, tu sens l'eau dans tes mains. Et puis varier les plaisirs est très agréable, d'autant que tu peux substituer une discipline à une autre en fonction de l'envie et de la forme du moment,
ce qui évite la lassitude» reconnaît celle qui estime que toutes les conditions sont réunies à l'AL Echirolles pour la pratique de ce sport, même si la quête du haut niveau pourrait un jour l'amener à changer d'air, vers un centre d'entraînement fédéral, sur la route des Jeux Olympiques 2004 ou 2008. Sa première compétition, Anaëlle l'a courue, à Echirolles, par équipe: «Je n'avais jamais été aussi stressée, mais cela s'était très bien passé. L'ambiance était excellente, très solidaire car pour tous c'était très dur alors on s'est serré les coudes». Depuis, elle engrange de l'expérience, course après course, autant qu'elle valide les progrès réalisés : «Avec le bon travail effectué cette année, je sors bien en natation. Ensuite, j'essaie de garder l'écart en vélo, voire de l'augmenter. A la fin de ce deuxième passage, je mouline plus qu'avant pour préparer la course à pied, car cette transition est la plus difficile, les jambes sont dures et raides et récemment j'ai chuté pour n 'avoir justement pas anticipé sur cette notion. Enfin, je fais ce que je peux sur le dernier relais, en gardant à l'esprit que cela ira de mieux en mieux au fil des courses».
Plus débutante, pas encore experte, Anaëlle Péri est taillée pour porter haut les couleurs du département, même si pour la suivre mieux vaut attendre qu'elle s'arrête... sur le bord d'une piscine, comme ce samedi matin.

Christian Lacroix
Photos: F.C.

* Les deux disciplines sont réunies au sein du club d'Echirolles
** L'épreuve sélective s'est tenue le 18 juin

sport 38
juillet août 2000